Robert Doisneau & Malick Sidibé

Projet invité
Grande exposition sur la plage Doisneau-Sidibé

Cette année la grande exposition sur la plage de Deauville rapproche deux photographes qui n’ont pas eu le temps de se rencontrer, mais qui auraient pu être amis : Robert Doisneau, parti le 1er avril 1994 et Malick Sidibé venu à Paris pour la première fois en janvier 1995.

D’une part Robert Doisneau, probablement le plus populaire et les plus aimé des photographes français, connu par ses célèbres clichés du Paris d’après guerre, pour la tendresse et la gentille ironie qui étaient sa nature et qui irradient toutes ses images et qui font partie d’une œuvre immense, faite d’histoire et d’humanité.

De l’autre, Malick Sidibé, du Studio Malick à Bagadadji, célèbre à Bamako et dans toute la région depuis les années soixante, le photographe le plus demandé et aimé de toute la ville et pas seulement, désormais fameux dans le monde entier, qui, entre portraits en studio, « bals poussière », et autres festivités a laissé des centaines de milliers de clichés. Un portrait de l’Afrique par elle-même, aussi tendre et drôle, d’une grande valeur autant sur le plan historique que photographique.

Ce dialogue entre deux mondes et deux cultures est porté aussi par le choix des séries présentées, sorte de bulles, moins connues, dans l’ensemble de leurs œuvres respectives:  Palm Spring, ( en couleur ! ) issue d’un reportage réalisé par Doisneau à la demande du magazine Fortune en 1960, sur la construction de  golfs de Palm Spring, refuge de riches retraités américains dans le désert du Colorado, et les images, dont beaucoup inédites, des jeunes de Bamako, photographiés par Malick Sidibé au début des années 70, à la toute nouvelle piscine de la ville ou le long du fleuve Niger.

 


 

« Toute ma vie je me suis amusé, je me suis fabriqué mon petit théâtre. » Robert Doisneau


Robert Doisneau est né en 1912 à Gentilly, en banlieue parisienne.
Il apprend à 15 ans le métier de graveur lithographe à l'école Estienne et entre dans la vie active en dessinant des étiquettes pharmaceutiques.
C'est chez André Vigneau, dont il devient le jeune opérateur en 1931, qu'il découvre le monde de la création artistique qui l'animera désormais. Quatre années au service publicité des usines Renault soldées par un licenciement pour retards répétés, lui permettent d'accéder au statut convoité de photographe indépendant.

La guerre éclate alors mettant un frein brutal à ses projets. Dans l'euphorie des années d'après-guerre, bien qu'il soit quotidiennement soumis à la commande pour des raisons matérielles, il accumule les images qui feront son succès, circulant obstinément « là où il n'y a rien à voir », privilégiant les moments furtifs, les bonheurs minuscules éclairés par les rayons du soleil sur le bitume des villes.
Quand il meurt en Avril 1994, il laisse derrière lui quelques 450 000 négatifs qui racontent son époque avec un amusement tendre et bienveillant qui ne doit toutefois pas masquer la profondeur de la réflexion, la réelle insolence face au pouvoir et à l'autorité et l'irréductible esprit d’indépendance.

 

Malick Sidibé est un photographe malien, surnommé « l'œil de Bamako ».
Né en 1936 à Soloba, dans une famille peule de paysans, il est choisi par son père pour partir faire des études de dessin et de bijoutier à l’école des artisans soudanais à Bamako. En 1955, il commence à travailler au studio « Photo service » de Gérard Guillat-Guignard , dit « Gégé la pellicule » avec qui il apprend la photographie.
En 1962, il ouvre son studio à Bamako, dans le quartier Bagadadji où il restera toujours, et se spécialise d’abord dans la photographie de reportage, notamment dans les soirées de jeunes de la capitale malienne. Dans les années 1970, il se tourne davantage vers les portraits réalisés en studio.
Les premières Rencontres africaines de la photographie à Bamako en 1994 ouvrent la porte à une reconnaissance internationale. Il expose alors dans des galeries en Europe en commençant par la Fnac et la Fondation Cartier à Paris, ensuite aux États-Unis, en Suède, en Italie, en Espagne, en Russie et au Japon. Il meurt le 14 avril 2016 à Bamako.
En 2003 il reçoit le Prix de la Fondation Hasselblad. Il est le premier Africain à recevoir ce prix.
En 2007 est le premier photographe à recevoir un Lion d'or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière,  à l'occasion de la 52e Biennale d'art contemporain de Venise.
En 2009, il remporte le prix PhotoEspaña Baume & Mercier et, la même année, le World Press Photo dans la catégorie Arts and Entertainment. Il est décoré Officier dans l'Ordre des Arts et des Lettres en 2011.

 

 


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