Pilar Rosado

Photographe invitée
©DR

Pilar Rosado est artiste et chercheuse, conférencière Serra Húnter à la faculté des beaux-arts de l'université de Barcelone. Diplômée en biologie et docteur en beaux-arts, elle est membre de divers projets R&D (recherche et développement) ; son travail a été exposé en Italie, France, au Portugal, Mexique, en Hollande, au Brésil, en Espagne et Pologne. Elle a publié divers essais sur l'application de modèles de vision artificielle pour l'analyse de grandes collections d'images d'art abstrait, qui offrent des points de vue alternatifs dans la réflexion et qui remettent en question les conventions de notre regard.

Dans sa pratique artistique, elle explore des enjeux politiques qui peuvent être abordés à partir de l'image et qui impliquent des technologies d'apprentissage automatique, telles que la gestion de l'information dans les archives visuelles du futur, la révision de la mémoire collective ou la créativité artificielle. En 2015, elle a reçu une bourse de l'Agence pour la gestion des bourses universitaires et de recherche (gouvernement de Catalogne) et a remporté en 2020 la quinzième édition du prix AR-CO-BEEP Electronic Art.

Elle s'intéresse au terrain sur lequel la technologie et la pratique de l'art coïncident car ce sont des lieux fertiles pour la recherche sur les liens entre la matière, la perception et la pensée. L'image numérique est le territoire sur lequel elle déploie son projet artistique. En plus de refléter un instant de temps immobile, l'image numérique nous offre sa matrice de pixels comme source de matière à modéliser pour représenter une réalité en métamorphose permanente.

Déjà-Vu

par Joan Fontcuberta & Pilar Rosado

Les Franciscaines

 

Lorsque la caméra et l’œil commencent à être remplacés par les algorithmes et l’intelligence artificielle dans l’ensemble de la culture visuelle, il est nécessaire de repenser le rôle des images et du patrimoine artistique qui ont jusqu’à présent contribué à forger notre sensibilité. 


Déjà-Vu est un projet qui consiste à appliquer la technologie des réseaux de neurones génératifs à un jeu de données composé de toutes les œuvres appartenant aux collections des Franciscaines de Deauville. Grâce à un processus d’apprentissage profond, un algorithme GAN (Generative Adversarial Network) détermine les motifs les plus fréquemment répétés dans les collections et devient capable de prédire et créer de nouvelles œuvres dans la continuité plastiques de celles existantes. D’une part, ainsi, les notions « d’artiste », de « conservation » et de « conservateur » sont questionnées : les futurs ajouts d’œuvres dans une collection peuvent désormais être décidés par l’intelligence artificielle. D’autre part, nous avons découvert que, dans ce processus génératif, le plus intéressant sont les erreurs du système lui-même : les tests ratés, les tests intermédiaires, l’inconscient technologique qui surgit à travers des accidents. Nous assistons alors aux collisions entre la force du hasard et l’art de la prédiction. Enfin, nous retrouvons l’ancien paradigme désacralisant de la créativité et de l’art : nous ne pouvons qu’imiter des gestes antérieurs, jamais originaux. Le sens d’une image ne réside pas dans son origine mais dans sa destination. Ainsi, dans une certaine mesure, tout est « déjà-vu ». 

Joan Fontcuberta et Pilar Rosado 

Déjà vu

Joan Fontcuberta

Photographe invité
©DR

Hormis son travail d'artiste visuel orienté vers le champ de la photographie, Joan Fontcuberta, né à Barcelone en 1955, pratique une activité plurielle comme enseignant, critique, commissaire d'exposition et historien.


À travers la manipulation de l'image photographique, il développe une œuvre qui s'interroge sur les effets du réel et la capacité de vérité produits par l'image technologique. Dans une logique de dénonciation des discours autoritaires dans le contexte de l'information, il démonte, à travers différentes séries — Herbarium, Fauna, Spoutnik, Les Sirènes de Digne, Miracles et Cie… — le langage propre aux disciplines de la science, de l'information et d’autres vecteurs de la connaissance. Dans ses derniers projets il s'intéresse à la nature et la fonction de l'image dans la culture numérique.


Entre 1978 et 1986, il enseigne à l'École des beaux-arts de Barcelone. Puis il sera professeur invité dans différents centres et universités en Europe et aux États-Unis (Universitat Pompeu Fabra à Barcelone, Harvard University de Cambridge aux États-Unis, University of Wales au Royaume-Uni, Le Fresnoy en France).
Parmi les essais de Joan Fontcuberta, notons : Le baiser de Judas. Photographie et vérité (éd. Actes Sud, Arles, 1996) ; Science et Friction, Photographie, Nature, Artifice (éd. Mestizo, Murcia, 1998) ; Le boîtier de Pandore. La photogr@phie après la photographie (éd. Textuel, Paris, 2017) ; La fúria de las imágenes. Notas sobre la postfo-tografía (éd. Galaxia Gutemberg, Barcelone, 2016).


Ses principales expositions personnelles  : MoMA (New York, 1988), M.I.T. (Cambridge, 1988), musée Cantini (Marseille,  1990), Art Institute (Chicago, 1990), IVAM (Valence, 1992), MNAC (Barcelone, 1999), Museum of Fine Arts (Fukui, Japon), Palazzo delle Esposizioni (Roma, 2001), ARTIUM (Vitoria / Gasteiz, 2003), Centre de la Imatge / Palau de la Virreina (Barcelone, 2008), Maison européenne de la photographie (Paris, 2014), Science Museum (Londres, 2014), Museum Angewandte Kunst (Francfort, 2015), et Museo de Arte del Banco de la República (Bogotá, 2016).


Ses œuvres sont conservées dans des collections publiques comme le musée national d’Art moderne au Centre Georges-Pompidou, Paris ; le Metropolitan Museum of Art, New York ; le MoMA, New York ; l’Art Institute, Chicago ; le San Francisco Museum of Modern Art, San Francisco ; la National Gallery of Art, Ottawa ; le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid ; le MACBA, Barcelone ; la Fnac, Paris.


Entre autres distinctions pour l’ensemble de son activité photographique, il est nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministère de la Culture français en 1994. En 1998, il reçoit le Premio Nacional de Foto-grafía décerné par le ministère de la Culture espagnol et en 2011 le prix national de Culture en arts visuels par le gouvernement catalan. En 2013, l’International Photography Award lui est décerné par la Hasselblad Foundation en Suède. En 2020 il est gratifié du titre de Docteur Honoris Causa par l’université Paris VIII.
 

Gossan Mission Mars

Avenue Lucien Barrière et divers lieux dans la ville

 

« Gossan : Mars-Mission », le célèbre artiste Joan Fontcuberta, dans le sillon de ses précédents projets, construits entre fiction et réalité, a imaginé cette fois un parc à thème pour la recherche sur Mars. Avec ses roches rouges et ses paysages accidentés, l’ancienne zone minière de Rio Tinto, dans le sud-ouest de l’Espagne, présente une ressemblance avec la planète rouge. Dans ce décor, la Galaxy Entertainment Inc. et Joan Fontcuberta esquisse un parc de divertissement qui exploite touristiquement cette ancienne zone minière et rend un hommage visuel à la recherche sur Mars.

Gossan Mission Mars

Antoine d’Agata

Photographe invité
@Gilles Pandel

Antoine d’Agata, né à Marseille le 19 novembre 1961, est membre de l'agence Magnum Photos et représenté par la galerie Les filles du calvaire. Il vit et travaille à Paris et Marseille.

Dès l’âge de dix-sept ans, Antoine d’Agata interrompt ses études pour vivre dans l’univers de la nuit. Durant douze ans, il voyage à travers une dizaine de pays dans lesquels il vit. Alors qu’il séjourne à New York en 1991, sans expérience photographique, il s’inscrit à l’ICP (International Center of Photography) et étudie notamment avec Larry Clark et Nan Goldin. Depuis 2005, sans port d’attache, il photographie à travers le monde.

Antoine d’Agata ne cherche pas à montrer le monde et son état. Il nous livre au contraire le sien, celui qu’il explore : 

« Dans mes œuvres les plus récentes, j’essaie de forger un langage secret, illégal, construit en déconstruisant l’esthétique. Mon intention est de pervertir et détruire les perspectives qui polluent les normes du langage photographique. »

D’une renommée internationale, son travail a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives. En 2018 il participe à l’exposition Eyes Wild Open au Botanique de Bruxelles, réunissant près de trente photographes majeurs, et à l’exposition Quel Amour !? présentée au musée d’Art contemporain de Marseille, aux côtés d’artistes internationaux. En 2017, il présente Codex au Centro de Imagen de Mexico. Il est représenté par de nombreuses galeries à Lisbonne, Amsterdam, Barcelone ou encore à la galerie Les filles du calvaire à Paris, où il expose sa série Atlas en 2016. En 2015 son travail est présenté lors d’une exposition personnelle à La Termica à Malaga en Espagne. Il a publié de nombreux livres, dont Anticorps (éd. Xavier Barral), en 2013, coïncidant avec son importante exposition au BAL, à Paris. La même année l’exposition Odysseia est présentée au MuCEM de Marseille.

Plusieurs de ses œuvres ont intégré des collections publiques et privées comme le CNAP (Centre national des arts plastiques) et le FNAC (Fonds national d’art contemporain) de Paris, la Bibliothèque nationale de France, la Maison européenne de la photographie, la collection Fnac ou encore le Forum für Fotografie de Cologne.

En prise avec la crise sanitaire provoquée par la Covid-19, ses résonances sociales et politiques, Antoine d’Agata a exposé VIRUS à la Fondation Brownstone, une installation de mille photographies sur les treize mille réalisées entre le 11 mars et le 11 mai 2020 et préfiguré ainsi la sortie, le 29 octobre 2020, de son nouveau livre édité par le Studio Vortex.

Site internet

 

Lignes de front

Les Franciscaines

 

Antoine d’Agata, entre deux voyages au Mexique, est venu plusieurs fois l’hiver dernier découvrir la Normandie sous le couvre-feu et a tracé ainsi sa cartographie de la région basée sur des faits historiques marquants et sur son expérience du territoire.

Lignes de front

Evangelia Kranioti

Photographe invitée
© Evangelia Kranioti

En 2016, Evangelia Kranioti a reçu deux prix Iris de l’Académie hellénique du cinéma pour son premier long métrage documentaire, Exotica, Erotica, Etc. (2015, 73’ Berlinale Forum) sélectionné dans plusieurs festivals internationaux (IDFA, BFI London, Göteborg IFF, IDF Thessalonique, Karlovy Vary IFF, Sarajevo IFF, etc.) où il a gagné de nombreux prix (Emerging International Filmmaker Award à Toronto Hot Docs, Prix du public au Festival Internationnal du Film des Femmes de Créteil, prix Fathy Farag Semaine de la Critique, Cairo FFI entre autres).

Son deuxième documentaire Obscuro Barroco (2018, 60’ Berlinale Panorama) a reçu le Prix du jury TEDDY à Berlin, le prix FELIX au Festival de Rio de Janeiro, le prix du meilleur documentaire international au Guanajuato IFF, ainsi que deux prix Iris de l’Académie hellénique du cinéma, entre plusieurs autres récompenses.

En juillet 2019, son exposition personnelle Les vivants, les morts et ceux qui sont en mer aux 50èmes Rencontres d’Arles, a été saluée par la presse internationale et a reçu le prix Madame Figaro / Women in Motion. Actuellement, Evangelia Kranioti travaille sur son premier long métrage de fiction, en parallèle à un hommage cinématographique à sa ville natale, Athènes

Magic Hour

boulevard de la Mer, en face de la piscine olympique

 

Artiste et réalisatrice grecque installée en France, Evangelia Kranioti a fait des études de droit (Université nationale d’Athènes), d’arts visuels (École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris) et de cinéma (Le Fresnoy - Studio national des arts contemporains, Atelier Scénario de La Fémis). Son travail embrasse photographie, vidéo et installation.

« Deauville et le territoire normand, sont des endroits vierges car totalement nouveaux pour moi, aux antipodes de ceux où je choisis de photographier habituellement. Le contexte privilégié de la résidence du Festival Planches Contact, m’a permis, après plusieurs projets de longue haleine, d’explorer sereinement mon processus créatif — hors de l’urgence. C’est presque un défi que je me suis lancé, autour d’un sujet « neutre » avec, pour seule contrainte de faire émerger un monde qui m’est propre, dans un territoire qui ne l’est pas. »

Evangelia Kranioti

Evangelia Kranioti propose des portraits inattendus et des mises en scène insolites, en écho à son monde, parfois baroque, souvent mystérieux.

Laura Serani

Instagram : evangeliakranioti

Tirages réalisés par Initial Labo

Magic hour

Lorenzo Castore

Photographe invité
Lorenzo Castore © Lorenzo Castore

Né à Florence en 1973, Lorenzo Castore est un représentant significatif de la nouvelle photographie documentaire, il raconte le monde avec une sensibilité particulière et un langage original, comme pendant sa résidence à Deauville pour le Festival Planches Contact avec le projet Théo & Salomé. Après une enfance à Florence puis à Rome, Lorenzo Castore a vécu à New York, c’est là qu’il commence à pratiquer la street photographie.

De retour à Rome, il étudie le droit et il continue à photographier. Des voyages en Inde marqueront une étape importante dans son parcours. Depuis, à travers ses nombreux voyages du Kosovo jusqu’à Cuba en passant par la Pologne, il développera son intérêt profond pour des sujets engagés et un regard particulier capable de s’appuyer autant sur la couleur que sur le noir et blanc pour traduire des situations réelles et perceptions subjectives.

En 2002, Lorenzo Castore rejoint l’Agence/Galerie VU’ à Paris, il commence à exposer, publier et gagner des prix régulièrement. Parmi ses nombreux livres Nero, Paradiso, Ewa and Piotr, Ultimo Domicilio, Land et A Beginning. En 2018, le Festival Images Vevey en Suisse lui consacre une exposition importante et il participe à deux collectives : 100 years of Leica à Rome et Eyes Wild Open à Bruxelles ; en 2019 il expose à la galerie Folia à Paris.

Théo & Salomé 

GRAND BASSIN - Mitoyen à la Place Claude Lelouch, en face du tennis Municipal

 

Lorenzo Castore a passé plusieurs semaines en symbiose avec Théo et Salomé, deux jeunes amoureux de dix-huit ans, qui vivent entre Caen et Trouville et ensuite, il a maintenu une relation à distance qui a permis de finaliser son projet. Pendant la période de sa résidence, en juin, il a vécu à leurs cotés chaque moment de leur journée, pour raconter en prise directe et sans pause leur réalité et ponctuellement celle de leurs familles, sur une durée limitée mais absolue. Théo et Salomé, au centre du projet, sont deux jeunes «normaux et ordinaires», dans le meilleur sens du terme. Ils vivent leur vie ensemble et ensemble ils essaient de se projeter dans un demain possible. Réalisé en noir et blanc et en couleur, ce travail profond et sensible est enrichi par des textes de Théo et Salomé, qui interviennent directement sur les images.

J’ai voulu faire un travail ouvert vers le futur, contre le cynisme et l’absence de perspective de beaucoup de jeunes d’aujourd’hui. Je voudrais que cette normalité périphérique inspire potentialité et rêves, en arrivant à transformer le banal en exceptionnel.

Lorenzo Castore

 

Lancé dans un nouveau chapitre de son portrait de « la condition humaine », toujours situé entre choix et destins, Lorenzo Castore raconte ici le quotidien et les espoirs d’un jeune couple d’amoureux.

Laura Serani

 

www.lorenzocastore.com

Tirages réalisés par Initial Labo

 


Lorenzo Castore anime un atelier du 19 au 21 octobre 2020

Plus d’informations voir l'atelier


 

Théo & Salomé 

Todd Hido

Photographe invité
Todd Hido © Todd Hido Galerie, Les Filles du Calvaire

Todd Hido est un artiste installé dans la Baie de San Francisco, dont les travaux ont été publiés dans Artforum, The New York Times Magazine, Eyemazing, Wired, Elephant, FOAM, et Vanity Fair. Ses photographies sont dans les collections permanentes du Getty, du Whitney Museum of Art, du Guggenheim Museum, New York, San Francisco Museum of Modern Art, du Young Museum, du Smithsonian, the Los Angeles County Museum of Art, aussi bien que dans de nombreuses autres collections publiques et privées.

Auteur de plus d’une douzaine de livres, dont l’importante monographie Excerpts from Silver Meadows, publiée en 2013, Intimate Distance : Twenty-Five Years of Photographs, a Chronological Album publié par Aperture en 2016. Son dernier livre, intitulé Bright Black World a été publié en 2018 par Nazraeli Press.Todd Hido est également un très grand collectionneur de livres photographiques et sa collection a été reconnue comme l’une des plus importantes au monde en 2018 par Random House (Bibliomania : The World’s Most Interesting Private Libraries). Il est représenté à Paris par la galerie Les Filles du Calvaire.


FERMETURE TEMPORAIRE

Suite aux annonces gouvernementales, Le Point de vue, qui accueille les expositions de Todd Hido et des Tremplins Jeunes Talents, est fermé pour quelques semaines.


 

Et puis, il y a eu les oiseaux

 

POINT DE VUE - Place des Six Fusillés, à l’angle du Boulevard de la Mer et de la rue Tristan Bernard, à côté de la piscine Olympique

 

Todd Hido, photographe américain né en 1968, poursuit pendant ses longs voyages la recherche d’images qui se rapportent à ses propres souvenirs. Avec une utilisation très particulière de la couleur, Todd Hido suggère une instabilité derrière l’apparence des paysages et des situations qu’il photographie. Auteur de plusieurs livres, ses images figurent dans les collections d’importants musées américains ; il est représenté à Paris par la prestigieuse galerie Les Filles du Calvaire. Pendant sa résidence à Deauville, il a arpenté la campagne normande et a mis en scène des modèles sous une lumière particulière, inspirée de celle des peintres du Nord et de la peinture flamande.

Quand on m’a sollicité pour participer à Planches Contact, j’ai immédiatement saisi cette chance. J’avais déjà visité la region normande car j’avais vu des images qui m’avaient donné envie de faire des photos là-bas. Lors de mon récent séjour en février, pour faire des photos pour le festival, c’était réellement merveilleux de bénéficier de l’assistance et des conseils des gens du coin pour me guider dans des endroits que je n’aurais pu découvrir si j’avais été seul. Mais comme pour toute photographie, ce sur quoi on tombe par hasard est souvent ce que l’on cherchait – sauf que l’on ne le savait pas avant de le voir. J’essaie souvent de visiter de nouveaux lieux en hiver car j’aime ce temps non clément, et les rafales de vent provenant de la Manche ne m’ont jamais déçues. J’ai trouvé une atmosphère sombre et mystérieuse qui convient à celle que j’essaie de capturer dans mes photographies. Et puis, il y a eu les oiseaux que j’ai toujours chassé avec mon appareil photo mais, d’une certaine façon, seulement à Deauville, ils ont fusionné dans la bonne composition.

TODD HIDO

 

Arrivé en février à Deauville et rentré à San Francisco juste avant le confinement, comblé par les lumières du nord en hiver, Todd Hido a sublimé paysages et jeunes femmes, toujours sur les traces de souvenirs et d’images primitives.

Laura Serani

 

www.toddhido.com

 


Todd Hido anime une masterclass le 23 octobre 2020.

Plus d’informations voir la Masterclass


 

Et puis, il y a eu les oiseaux

Mathias Depardon

Photographe invité
Mathias Depardon © Victor Rival-Garcia

Né en 1980 à Nice, Mathias Depardon grandit entre la France, la Belgique et les Etats-Unis. Après des études en journalisme et communication (ISFSC) à Bruxelles, il rejoint brièvement le quotidien belge Le Soir avant de se consacrer au reportage et la photographie documentaire.

En 2017, après avoir vécu cinq ans en Turquie, il est arrêté à Hasankeyf dans le Sud-Est de la Turquie, alors qu’il effectue un reportage pour le magazine National Geographic sur la problématique de l’eau en Mésopotamie, un sujet auquel il se consacre depuis 2012. Il est libéré puis expulsé du pays en juin 2017. En 2018, il est le finaliste du Grand Prix de la Photographie Documentaire à Sète (Images Singulières/ Mediapart).

Il reçoit le soutien du Centre National des Arts Plastiques en 2018 pour son projet sur les fleuves de la Mésopotamie. Mathias Depardon est exposé aux 49e éditions des Rencontres d’Arles dans Une Colonne de Fumée exposition sur la scène photographique turque. Ses photographies ont été présentées dans plusieurs institutions telles que l’Institut Cervantes, l’Institut Français, la Bibliothèque Nationale de France et plus récemment le Musée des Archives nationales à Paris pour son exposition TransAnatolia.

Being yourself is the best revolution

EMBARCADERE - Quai des Yachts

 

Brillant photo-journaliste, Mathias Depardon développe une démarche documentaire d’auteur. Lauréat en 2019 du Regards du Grand Paris (Ateliers Médicis et Cnap), il travaille sur le territoire avec une approche souvent sociologique, aussi bien pour la presse magazine internationale que pour des commandes publiques. À Deauville, il a poursuivi son travail de reportage sur la France confinée initié pour Libération, de Paris à Menton en suivant la Nationale 7.

Il a continué en Normandie, à partir de la mi-mai, ce voyage sur une France « déconfinée » en se concentrant sur les jeunes, leur retour « dehors », leur façon de partager ces moments de liberté retrouvée, avec la ville et la plage en toile de fond.

À la rencontre d’une jeunesse sortie de deux mois de confinement. Tiraillés entre leur besoin de liberté, de défier, souvent, l’autorité et les exigences scolaires, les adolescents ont vécu l’épreuve du confinement avec les émotions et les priorités propres à leur âge. Les conditions de confinement furent inégales entre les jeunes impactant pour certains leur santé mentale. Certains adolescents ont ressenti stress, anxiété alors que d’autres ont développé des comportements plus sociaux et plus solidaires. La taille du logement, la disponibilité des parents ou l’accès à internet a influé sur la façon dont les adolescents ont vécu le confinement. Cette crise est donc une fois de plus révélatrice des inégalités sociales. Une jeunesse éprouvée par la crise sanitaire et ne percevant pas clairement les perspectives d’avenir. Pour la majorité d’entre eux, le maintien des objectifs environnementaux doit être la priorité du gouvernement lors des prochains mois. Le changement de paradigme des nouvelles générations, en proie à l’éco-anxiété, se fait une nouvelle fois entendre. Après plusieurs mois de passivité les voilà à nouveau vivre une certaine forme d’autonomie et de liberté. Ils viennent se retrouver avec candeur et proximité sur les côtes normandes pour y percevoir un horizon sur un avenir encore incertain

Mathias Depardon

 

Au fil de ses rencontres, Mathias Depardon trace un portrait de la jeunesse à Deauville, dans cet étrange et subtil entre-deux, entre la fin du confinement et les débuts du dé-confinement.

Laura Serani

www.mathiasdepardon.com

Tirages réalisés par BS2I

Being yourself is the best revolution

Nikos Aliagas

Photographe invité
© Nikos Aliagas

Nikos Aliagas est né le 13 mai 1969 à Paris. Après des études de lettres modernes, parallèlement à son métier de journaliste, il a développé différentes activités dans les domaines culturels (musique, cinéma, photographie, etc). Depuis 2012, il expose régulièrement et en particulier à la Conciergerie à Paris, aux Rencontres d’Arles, et en 2019 au musée des Beaux-Arts de Bordeaux.

Auteur de plusieurs livres dont Allez voir chez les Grecs aux éditions Jean-Claude Lattès en 2003, puis Carnet de route d’un immigré (paru en Grèce aux éditions Electra) en 2007, il publie en 2011, un livre de photos prises avec son téléphone portable, Nikos now (éditions de l’Acanthe). Sa dernière publication, L’épreuve du temps, est parue en 2018 aux éditions La Martinière. 

Le jeu est un autre

Hall de l'HOTEL Barrière Le Normandy ET SQUARE FRANCOIS ANDRE - 38, rue Jean Mermoz

Deauville et sa région sur le fil de la ligne d’horizon. J’observe la mystérieuse symétrie de l’endroit, chaque chose semble être sa place, dans un espace-temps protecteur, comme une sorte de résistance face aux éléments naturels. Entre dunes d’un jour et masques d’infortunes, je croise les visages de ceux qui marchent avec prudence sur les planches, ils avancent désormais sans contacts. (...)

Le « jeu » est un autre et ces tranches de vie qui se superposent dans le décor ont quelque chose d’irréel. J’aime l’ambiance cinématographique qu’impose naturellement la Normandie, même l’homme qui vous sert une coupe de champagne dans le palace a l’air tout droit sorti d’un film. Au Casino on ne joue plus, on attend que ça passe.

On ne sait plus si l’histoire s’achève ou si elle (re)commence, on ne sait plus qui est le protagoniste et qui est le figurant. Dans cette tranche de temps où chaque séquence est suspendue, on réapprend à vivre avec sa solitude.

Nikos Aliagas

 

Lors de ses résidences, Nikos Aliagas a investi Deauville comme un tourbillon, avec son enthousiasme, sa curiosité et son travail photographique tourné vers les autres.

Laura Serani

Instagram : @nikosaliagas

Tirages réalisés par Initial Labo

 


Planches Contact hors les murs

LE JEU EST UN AUTRE chez Initial Labo.

En écho au festival, l'exposition de Nikos Aliagas est présentée dans la galerie d'Initiale, à Boulogne, du 3 au 28 novembre 2020.


 

Le jeu est un autre

Philippe Chancel

Photographe invité
Philippe Chancel © Victor Rival Garcia

Né en 1959 à Issy les Moulineaux, vit et travaille à Paris. Depuis plus de vingt ans, Philippe Chancel poursuit une expérience photographique à l’intersection entre art, documentaire et journalisme. Initié très jeune à la photographie, formé aux sciences économiques et au journalisme, il a notamment exposé au Barbican Centre à Londres, au Centre Pompidou à Paris, à C/O Berlin, à la Open Eye Society Foundation à New York, à la 53e Biennale de Venise, au Multimedia Art Museum à Moscou.

Son projet Datazone, qui cherche à témoigner des dérèglements à l’œuvre sur notre planète, montré et publié en France et à l’étranger, a été exposé pour la première fois dans son intégralité en 2019 aux Rencontres d’Arles.

Si Deauville

PROMENADE LUCIEN BARRIERE - Le long du C.I.d. Accès par le Boulevard Eugène Cornuché / Piscine olympique - Boulevard de la mer

Philippe Chancel, particulièrement remarqué pour son travail sur la Corée du Nord et sa grande exposition Data Zone présentée aux Rencontres d’Arles en 2019, propose une réflexion sur la question de la durabilité ; à travers l’analyse de lieux clés, théâtre d’enjeux, de guerres ou de catastrophes naturelles (la nouvelle route de la soie, Fukushima, Kaboul, le Delta du Niger...). En résidence, il a travaillé sur Deauville en tant que ville/décor de cinéma, « ville idéale ».

Le Duc de Morny, demi-frère de Napoléon III, personnage haut en couleurs et homme d’affaires avisé célébra l’Empire à sa manière en créant Deauville de toutes pièces. La légende de la prodigieuse station balnéaire s’est bâtie autour de ce mythe fondateur devenu réalité et qui donne cette impression de ville presque trop parfaite, de ville cinéma, qu’on lui connaît toujours aujourd’hui.

Je suis arrivé à Deauville avec l’intention d’en faire l’inventaire photographique intramuros comme sur tout le territoire qui l’entoure. Blonville-sur-mer, Tourgéville, Saint-Arnoult, Vauville, Villers-sur-mer, Touques, Villerville et d’autres. Tout le long de ce littoral normand, les évènements sont incessants, les activités nombreuses, les loisirs érigés en véritable art de vivre : hôtels, plages, casino, cheval, bien-être, architecture et patrimoine, nautisme, tennis, golf et mini-golf, etc. Par un travail rigoureux sur le cadre, à la bonne distance du sujet pour que les images soient composées comme des tableaux vivants et contemporains, autorisant les ruptures d’échelles, avec un parti pris de choix décisifs, je suis aller chercher à saisir en toute hypothèse que, si Deauville m’était montrée, j’aimerais la voir comme ça et pas autrement.

PHILIPPE CHANCEL

 

Aux prises avec une sorte de « hors-série » de son travail Data Zone, immergé dans une ville/décor et dans le paysage alentour, Philippe Chancel mène une enquête au-delà des apparences.

Laura Serani

 

www.philippechancel.com

Tirages réalisés par BS2I


Philippe Chancel anime un workshop avec Leica Akademie du 16 au 18 octobre 2020

Plus d’informations voir le workshop


 

Si Deauville

Clara CHICHIN

Tremplin Jeunes Talents
Clara Chichin © Stephane Charpentier

Diplômée des Beaux-Arts de Paris et d’une Maîtrise en lettres, arts, pensée contemporaine, Clara Chichin développe une poétique photographique introspective du quotidien et de l’errance. Elle assemble les fragments dans un système d’équivalence, compose peu à peu un ensemble avec des répétitions, des échos, tel un poème, un méandre onirique.

Son travail, marqué par la rencontre empathique avec l’autre et intimement lié à la littérature, a fait l’objet de plusieurs expositions collectives, comme au CAPC-Villa Pérochon à Niort ou aux Promenades photographiques de Vendôme ; et individuelles parmi lesquelles Photo Saint–Germain à Paris et à l’Abbaye Saint-Georges de Boscherville.

Finaliste du Prix Leica en 2017, son travail a été exposé à Berlin, à l’Espace photographique Leica à Paris, puis à la Biennale photographique de Tianshui en Chine en 2018. Elle participe régulièrement au projet collectif Temps Zéro et collabore souvent avec la commissaire d’exposition Christine Ollier. 


FERMETURE TEMPORAIRE - Suite aux annonces gouvernementales, Le Point de Vue, qui accueille les expositions de Todd Hido et des Tremplins Jeunes Talents, est fermé pour quelques semaines.


 

Ses disparitions successives

LE POINT DE VUE - Place des Six Fusillés, à l’angle du Boulevard de la Mer et de la rue Tristan Bernard, à côté de la piscine Olympique

Clara Chichin nous propose une errance faite d’éblouissements, d’images impressionnistes ; visions parfois au seuil de l’abstraction - mélange de matière minérale, du grain de la pellicule et de pixels. Une composition d’un espace imaginaire oscillant entre minéralité et végétalité, des fragments originaires : eau, ciel, roche. Une dérive rythmée par de longues promenades solitaires et intuitives, aux prises avec les éléments, les phénomènes : soleil, pluie, rafales de vent, lumières et couleurs changeantes. Un projet photographique ou l’expérience du paysage est vécue comme une traversée, une expérience émotionnelle.

 

clarachichin.blogspot.com
Instagram : @Clarachichin
Facebook : @laraChichin

Tirages réalisés par Initial Labo

Ses disparitions successives